Posté le 14 septembre 2023
Projet INTERREG, résultats d’un programme pour sauver les espèces animales en danger : l’écrevisse des torrents
Le programme d’action concernant l’écrevisse des torrents, mis en place dans le cadre du projet INTERREG « Espèces Animales en Danger au sein de la Réserve de biosphère transfrontière (RBT) Vosges du Nord – Pfälzerwald », s’est déroulé de juillet 2020 à juin 2023. Ce programme, mené en collaboration avec l’Université allemande de Coblence-Landau, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et le Syndicat des Eaux et d’Assainissement Alsace-Moselle (SDEA), vise à réintroduire des populations d’écrevisses des torrents dans des ruisseaux favorables au sein de la réserve de biosphère et à améliorer nos connaissances sur cette espèce en danger critique d’extinction.
L’un des principaux objectifs du projet était de développer une méthode d’élevage permettant de produire des juvéniles en nombre afin de les réintroduire en milieu naturel. Pour y arriver, des captures de femelles et de mâles reproducteurs ont été réalisées sur les sites sources, tout en limitant l’impact de cette manipulation sur le milieu.
Le choix de l’équipe française s’est porté sur une modalité d’élevage en milieu totalement contrôlé. En effet, les géniteurs capturés ont été placés dans des installations spécifiques du Muséum de Besançon, afin d’y accomplir l’ensemble du cycle de reproduction (de l’accouplement à la dernière mue automnale des juvéniles). Des expérimentations concernant l’’élevage de cette espèce avaient déjà été engagées préalablement au programme INTERREG, de 2017 à 2020, par le PNR des Vosges du Nord, l’Office Français de la Biodiversité et les spécialistes de l’aquarium de Besançon. Les résultats étaient restés globalement décevant car très peu de juvéniles survivaient en fin de processus de reproduction (différents problèmes de mortalité ont été rencontrés sur les femelles, les œufs ou les larves). Grâce à une meilleure connaissance de l’espèce et à une optimisation des installations de l’élevage, les résultats obtenus au cours du projet « Espèces Animales en Danger » ont été beaucoup plus satisfaisant. Au total, 525 juvéniles ont été produits pour être relâchés dans les ruisseaux des Vosges du Nord. En Allemagne, des tests d’élevage en combinant des bassins extérieurs pour l’accouplement des géniteurs et des incubateurs automatiques afin de finaliser l’incubation des œufs ont été menés, mais cette méthode nécessite encore des développements pour permettre de relâcher des juvéniles en nombre.
Avant d’introduire des individus dans un cours d’eau, il faut s’assurer que celui-ci réponde bien aux exigences de l’espèce. Les ruisseaux de la réserve de biosphère ont donc été minutieusement expertisés avant d’identifier les sites de relâchers les plus favorables. Une batterie de tests a été réalisée sur chaque ruisseau candidat potentiel à la réintroduction (le nombre de ruisseaux étudié étant limité par une présélection rigoureuse) afin de vérifier la bonne qualité des milieux aquatiques. Au total, 9 sites sont considérés comme favorables au sein de la réserve de biosphère (4 dans les Vosges du Nord et 5 dans le Palatinat) et quatre d’entre eux ont fait l’objet d’une réintroduction dans le cadre du présent programme.
L’objectif final de nos actions étant de permettre à nouveau le développement de l’espèce dans les forêts de Vasgovie, le suivi de l’évolution des populations réintroduites est mené de manière rigoureuse et systématique. Plusieurs fois par an, des comptages diurnes et nocturnes sont réalisés. Pour le moment, seuls quelques individus sont observés à chaque passage. Les réintroductions étant assez récentes, les premiers résultats sont difficiles à interpréter. Cependant, les juvéniles immergés en 2021 seront en capacité de se reproduire en 2024.
Les analyses génétiques réalisées sur les 2 populations natives des Vosges du Nord ont révélé une grande proximité génétique avec les populations observées dans le Nord du Palatinat, en Bavière (Allemagne).
Malheureusement, les recherches menées aux cours des 3 dernières années dans le Sud du Palatinat semblent confirmer la disparition de l’écrevisse des torrents dans la partie allemande de la réserve de biosphère. Cette disparition semble être corrélée à la progression fulgurante d’une écrevisse américaine porteuse d’un champignon mortel pour l’écrevisse des torrents : l’écrevisse du Pacifique.
« Espèces animales en danger » au sein de la Réserve de biosphère transfrontière
Le projet « Espèces animales en danger au sein de la Réserve de biosphère transfrontière (RBT) Vosges du Nord – […]